Ceci est un constat de nostalgie. J'étais devant la télé quand soudain mon coeur est devenu lourd et ma bouche, sèche, s'est ouverte pour laisser un souvenir s'échapper. Rien d'incroyable ou d'épique, ce n'était pas un moment drôle ou particulièrement tragique, ce n'était qu'un quotidien passé complètement anodin.
En fait c'était un après-midi calme, devant la télé, sauf que je n'étais pas seule, je n'étais pas aussi loin. On entendait des pas dans le couloir, des pas d'un petit qui jouait par ci par là. Il y avait aussi des échos de musique venant du canapé où elle écoutait sa musique. Surtout il y avait cette sensation, à l'époque tellement banale, de sécurité et d'appartenance.
Ainsi les après-midi ennuyeuses de mes quinze ans quand je songeais à partir loin, sont celles auxquelles je pense maintenant que je suis aussi loin. Aussi ironique que la prostitué de Benedetti:
"Quand cette vierge était une prostituée
elle rêvait de se marier et de repriser des chaussettes
mais depuis qu'elle a voulu
être simplement une vierge
et qu'elle a trouvé des routines et un mari
elle regrette ces nuits
pluvieuses et sans clients
où couchée sur le matelas de tous
elle rêvait de se marier et de repriser des chaussettes."
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