viernes, 18 de mayo de 2012

Triple interés


por: Sofía Torres

(Texto elaborado para la clase de escritura de ficción en francés, les dejo la versión original y la traducida.)

En la semi obscuridad de la calle, distingo un hombre impregnado de alcohol que avanza hacia mí. Es Jean. Le debo dinero desde hace tiempo. Me dije que una sonrisa fácil le sería suficiente para pasarme la cantidad que necesitaba. No es difícil construir todo un guión cuando la vida no ha sido más que un espectáculo lleno de astucias y mentiras. Le conviene a todos. Las sonrisas fáciles, los favores triple interés, las lágrimas dibujadas y las emociones al fondo de un cajón, junto a la moral.

Dans la demi obscurité de la rue, je discerne un homme imbibé d’alcool qui avance vers moi. C’est Jean. Je lui dois de l’argent depuis un bon moment. Je m’étais dit qu’un sourire facile lui suffirait pour me filer la quantité dont j’avais besoin. Ce n’est pas compliqué de construire tout un scénario quand la vie n’a été qu’un spectacle rempli de ruses et de mensonges. Ça arrange bien tout le monde. Les sourires faciles, les faveurs triple intérêt, les larmes dessinées et les émotions au fond du tiroir, à côté de la morale. 

Jean, nunca debí pedirte ese dinero.
Jean, nunca debí revivir las cenizas del pasado.
Jean, debí quedarme con las piernas bien cruzadas.

Jean, j’aurais jamais du te demander cet argent.
Jean, j’aurais jamais du rallumer les cendres du passé.
Jean, j’aurais du rester avec les jambes bien croisées.

No digo nada. Todo se queda atorado en la garganta cuando él está enfrente. Toma mi cuello con sus dedos que desprenden un olor, mezcla de vodka barato, nicotina y sexo. Retira un mechón de mi cuello, un rictus en la comisura de sus labios. Lentamente huele mi miedo hasta la oreja para lamerla y decir:
- ¿Cuántos ahora?
- Acabo de llegar, sabes que al comenzar la noche no hay clientes.

Je ne dis rien. Tout reste coincé dans la gorge une fois qu’il est devant moi. Il enveloppe mon cou avec ses doigts qui dégagent une odeur, mélange de vodka pas chère, nicotine et sexe. Il retire une mèche de cheveux de mon cou, un rictus au bord des lèvres. Lentement il sent ma peur jusqu’à l’oreille pour la lécher et dire : 
- Combien aujourd’hui ?
- Je viens d’arriver, tu sais qu’au début de soirée il n’y a pas de clients. 

Jean me toma por el cuello y me mira, no hay nada que añadir. No necesita decirme "Sube al cuarto, debes pagar los intereses". No necesito saber que de rodillas debo agradecer su piedad estafa y tragar mi asco. Entonces, me empuja delicadamente a través la puerta chirriante.

Jean me reprend par le cou et me fixe, il n’y a rien à ajouter. Pas besoin de me dire « Monte dans la chambre, il faut payer les intérêts ». Pas besoin de savoir qu’à genoux je dois remercier sa pitié arnaqueuse et avaler mon dégout. Alors, il me pousse délicatement à travers la porte grinçante.

Lola está sentada en el suelo al final del corredor, sumergida en una densa nube de humo. Nadie nos sigue con la mirada, todos saben lo que pasa.

Lola est assise par terre au bout du couloir, plongée dans un nuage de dense fumée. Personne ne nous suit du regard, tous savent déjà ce qu’il se passe. 

Los escalones pegajosos y el pasamanos polvoriento. Jean jala la manga de mi saco, yo retiro este mecánicamente. Entramos al cuarto y dejo mis tacones de aguja esperando en la puerta, unos metros más después también pierdo mi vestido.

Les marches collantes et la rampe poussiéreuse. Jean tire la manche de mon gilet, moi j’enlève ce dernier mécaniquement. On rentre dans la chambre et je laisse les talons aiguilles attendre à la porte, quelques mètres plus loin je perds aussi ma robe.

Jean no gime de placer. Jean no jadea de deseo. Sus manos permanecen frías e igual de delicadas. Ha previsto todo, yo sólo le dejo mover los hilos. Mi odio se convierte en lujuria y sudo de desprecio mientras grito placer.

Jean ne gémit pas de plaisir. Jean n’halète pas d’envie. Ses mains restent froides et toujours aussi délicates. Il a tout prévu, je ne fais que le laisser tirer les ficelles. Ma haine devient luxure et je transpire de mépris en criant jouissance. 

Lloro como siempre, algunas lágrimas para recordar la vergüenza. Jean la seca con el dorso de su mano, para continuar su faena. Más rápido, más mecánico y yo grito, lloro.

Je pleure comme d’habitude, quelques larmes pour rappeler la honte. Jean les essuies avec le dos de sa main, pour continuer sa besogne. Plus vite, plus mécanique et je crie, je pleure.

Posa sus dedos helados sobre mis nalgas, luego sube a mi cintura. Los latidos de su corazón, sus movimientos y el silencio se interrumpen en armonía.

Il pose ses doigts gelés sur mes fesses, puis il remonte à la ceinture. Les battements de mon cœur, ses mouvements et le silence s’interrompent en harmonie.

Inhalo, él termina, exhalo, él habla.
J’inhale, il finit, j’exhale, il parle.

- Supe que tu madre necesitaba de nuevo una operación. ¿Cuánto?
- No sé, el doctor dijo que tal vez no sea necesario.
- ¿Cuánto?
- El doble.
- No me quieres dejar ¿verdad?

- J’ai su que ta mère avait besoin d’une chirurgie à nouveau. Combien ?
- Je ne sais pas, le docteur nous a dit que ce n’était peut-être pas nécessaire.
- Combien ?
- Le double.
- Tu ne veux pas me quitter, n'est-ce pas?

Jean ríe a penas, prólogo para dejar una huella en mi cuello.
Es medianoche, hora de regresar a la vereda y encender un cigarrillo. Dejo mis bragas en el piso, es más fácil sin nada. Pienso "la historia de la puta que siempre volvía a ponerse las bragas" y sonrío para mí.

Jean rit à peine, c’est le prologue pour laisser une marque dans mon cou.
Il est minuit, l’heure de retourner sur le trottoir et d’allumer une clope. Je laisse ma culotte par terre, c’est plus simple de ne rien avoir. Je pense « l’histoire de la pute qui remettait toujours sa culotte » et je souris pour moi. 

Jean ya está vestido y listo para "probar" sus otras mujeres. Me besa en la boca.

Jean est déjà habillé et prêt à « tester » ses autres femmes. Il m’embrasse sur la bouche. 

- No dejes tirado tu lindo vestido en el corredor.

- Ne laisse pas trainer ta jolie robe dans le couloir.

Camina hacia la puerta, toma mi vestido. Es un vestido rojo de seda, exactamente como su camisa. Jean recoge lo que queda de mí en el vestido, mi olor, y lo lanza a la cama.

Il marche vers la porte et sur le chemin, prend la robe. C’est une robe rouge en soie, exactement comme sa chemise. Jean récolte ce qui restait de moi sur la robe, mon odeur, et la jette sur le lit.

Lo escucho alejarse y partir... Y no, nunca terminaré de pagarle. Lo que Jean quiere de mi, es mi vida.

Je l’écoute s’éloigner et partir… Et non, je ne finirai jamais de le rembourser. Ce que Jean veut de moi, c’est ma vie.


2 comentarios:

JuGLaR dijo...

dejote leer mis reflexiones. . . hay una madurez literaria en tu texto, pero dime, esto seria mas pa corto o teatro?

Sofía dijo...

Puedo funcionar para ambos pero es sobretodo un relato adaptable al cine